Nous avions commencé cette page avant que Yvon ne nous quitte (2014),
J'ai mis un certain temps avant de la finir.
"Yvon, je me devais de finir ta page.
En relisant tes récits, j'ai l'impression t'entendre ta voix. Et le souvenir de nos éclats de rire,
j'ai beaucoup de mal, tu me manques et jamais je pourrais t’oublier.
Nous avons passé tant heures au téléphone où tu m'as raconté ta "Guerre d'Indochine".
Alors, Yvon merci de m'avoir permis de vivre un bout de chemin avec toi.
Repose en paix, tu le mérites..."
Je lui avais dit que je voulais faire une page spéciale sur lui.
Mais cette page, c'est lui qui parlerait de sa "Guerre d'indochine".
Yvon avait pris son temps avant de me répondre... Après réflexion,
Il voulait parler où il a frôlé la mort à DBP.
" Depuis le 16 Mars, la section n'a fait que bouger sur les "Dominique".
On devait donner l'illusion que nous étions très nombreux...
Je dois aller mettre un jalon sur une butte.
Une fois celui-ci mis au moment où je me relève une balle siffle
et soulevé la terre au pied du Jalon, je peut d'assuré que je n'ai pas traîné pour rentrer.
Je me pose encore la question de savoir si le viet avait tiré pour m'impressionner ou vraiment me tuais ?"
"Toujours sur Dominique, j'étais dans une tranchée et je décide de rentrer dans l'abri.
Je passe l'entrée que soudain derrière tout éclat.
Je me retourne et à l'endroit où j'étais un obus venait de tomber."
" Nous devions être 5 ou 6, nous buvions un café hors de l'abri,
il y avait une accalmie enfin cela tirait quand même,
quand soudain un obus est tombé à proximité du groupe pour ma part je n'avais pas entendu l'obus arrivé.
Je me suis retrouvé enseveli, en me relevant un tour rapide rien pas une égratignure juste de la terre ouf...
Pour le reste des copains juste 1 blessé dans les rangs cela aurait pu être plus grave.
" Tout était fini, nous avions cassé nos armes et les radios et nous attendions les viets.
Les viets arrivent et j'avais dans les mains un bout de pain que j'avais gardé
et le viet en face de moi a 17,18 ans et je peux voir la peur dans ses yeux,
et me fixe avec son fusil et prêt à me tire dessus,
mais je lui montre que ce n'est qu'un bout de pain,
après quelques seconds il comprend et me lance " mollen, mollen"
Encore une fois je suis passée pas loin de la mort."
Ma dernière question à Yvon "Ton dernier souvenir de la cuvette."
Yvon va marquer un long silence et me dira
"Lors de la chute de DBP il pleuvait à torrents,
j'étais juste habillé pour ma part d'une chemise légère,
quand on est sorti de la cuvette.
Et puis soudain le silence ... et un oiseau qui siffle.
C'est dur très dur personne ne dira un mot dans les rangs...
La colonne avance et je ne pourrais me retourner pour voir une dernière fois DBP .
Encore aujourd'hui tant de souvenirs restent encore dans ma mémoire
j'ai laissé ton Oncle à DBP. "
40 ans séparent c'est 2 photos.
UN GRAND MONSIEUR.
Il est certaines personnes qui vous marque dans votre vie.
Yvon fait partie de celle-ci, au-delà de son lien avec mon oncle,
Yvon fut pour moi un soutien moral
toujours présent à m'écouter et me remonter le moral.
Ensuite cette Guerre d'Indochine pour moi
il mérite que l'on parle et reparle de leurs courages.
Yvon m'a ouvert son cœur et ses souvenirs se fut pour moi que du bonheur.
Mais aussi beaucoup de larmes.
