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Le  PIERS. (12 ème Compagnie.) |
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Le PIERS. (12 ème Compagnie.) |
Le 16 Mars,
l'annonce de notre saut sur DBP ne nous fait pas peur, nous savons que le garnison a été attaquée
Si nous sommes désignés pour ce saut c'est que nous devons y aller. Le vol se passe sans incident.
Le saut normal et le regroupement sans problème .
Il reste à dédé Lepoitevin une heure à vivre, mais nous l'ignorons.
L'ordre arrive de nous mettre en route. Hamel est devenu notre chef de groupe. Il me fait signe de faire lever les hommes en les incitants à prendre des distances.
Nous nous mettons en route, lui et moi marchons à reculons regardant les hommes ce lever, nous leur faisons des signes,
les obus qui tombent nous empêchent d'être entendus et soudain c'est l'enfer !
Après plusieurs minutes, je reprends connaissance, je cherche autour de moi, je ne vois rien, j'ai mal au bras gauche, du sang coule sur ma main.
A dix mètres de moi Hamel gît sur le dos, il a le bras coupé.
Je me retourne et aperçois le sergent-Chef Baliste, il est comme tous à plat ventre et parle dans son combiné radio.
Je lui demande de prévenir que les deux pièces mitrailleuses sont H.S.
A quelques mètres de moi je vois Dédé, je m'approche en rampant, j'ai oublié la douleur, hélas lorsque j'arrive à sa hauteur, je ne peux que pleurer.
Il a une énorme plaie au thorax, il est sans connaissance les yeux révulsés. Plus loin, nos Vietnamiens ne bougent plus ! Je suis anéanti et reste prostré.
Un homme se penche sur moi et me dit « vient nous allons te conduire à l'infirmerie » je suis en pleure. Pourquoi suis-je vivant,
Les Légionnaires me chargent dans leur 4x4 et me conduisent jusqu'à une antenne chirurgicale où je reçois les premiers soins.
Plus tard je serai emmené à l'antenne principale où un appareil radio devrait permettre de localiser l'éclat inclus dans mon épaule gauche.
Le lendemain j'apprends par le docteur Grauwin, que l'appareil de radiographie à été détruit par l'artillerie viet de ce fait, je suis mis sur la liste des blessés à évacués.
Je demande où est Dédé, je ne peux me résoudre à sa mort. Pourtant c'est vrai son corps repose dans la morgue ! Un trou à ciel ouvert !
Je cherche Hamel qui lui a perdu le bras gauche, l'un me dit, il a été évacué, l'autre, il est la bas.
Après plusieurs vaines tentatives je prendrais place à bord d'un Dakota qui se pose dans la nuit du 24 au 25 mars.
Je ne reverrai pas Hamel en Indochine.
C'est lui qui me retrouvera en France des années plus tard,
nos retrouvailles furent joyeuses, mais nous ne parlerons jamais du 16 mars 54 !
La peur de réveiller les démons ? Jamais je ne pourrais oublier.
La photo de Dédé, mon frère, est sur mon bureau, je le regarde tous les matins, il m'arrive de lui parler.
Je garde au fond de moi, une blessure ouverte qui ne se referma jamais.
Cette histoire ne sera connue que par mon épouse, je n'ai jamais parlé de la guerre avec nos enfants,
ni de des séquelles irréversibles qui sont toujours en moi !
Fasse que Dieu dans son infini bonté, me fasse retrouver Dédé et nos Vietnamiens. Alors, peut être retrouverais je la paix !
J'ai revu plusieurs fois Hamel nous avons évoqué le 16 Mars sans jamais entrer dans les détails.
Le Caporal PIERS était tireur à la mitrailleuse de 30 aux ordres du Sergent HAMEL.
Son chargeur était le 1er Classe LEPOITEVIN, les pourvoyeur étaient 4 Vietnamiens:
Tran Van Chuong, Nguyen Van Bo, Nguyen Van Ly, Nguyen Van Thu.
La 2ème pièce étaient au ordre du Caporal/Chef Nguyen Van Ky avec une équipe entièrement Vietnamiens
en tout 12 Hommes, ce groupe fut décilmé le 16 Mars, seuls le Sergent Hamel
et le Caporal PIERS se remirent de leurs blessures et furent rapatriés de DIEN BIEN PHU,
tous les autres moururent sur le coup ou des suites de leurs blessures.
Merci à vous Mr PIERS.
Je me souviens de notre rencontre et de votre récit sur VOTRE guerre d'INDOCHINE, j'en ai encore beaucoup d'émotion...
Merci de votre aide pour le site merci du fond du cœur. Vous êtes le papa fondateur du site, et mon tonton de cœur.
